Déambulation dans l’église…
Dans le vestibule d’entrée (le narthex), une plaque commémorative rend hommage à l’abbé Brugère qui fut, avec le soutien du maire Gustave Menut et de la famille de Loubens de Verdalle, le principal artisan de la construction de cette nouvelle église, mais qui n’en profita pas vraiment puisque, si elle fut probablement achevée à la fin de l’année 1897, elle ne fut consacrée que le 12 octobre 1898. Or l’abbé Jean-Baptiste Brugère était décédé le 28 février 1898 à l’âge de 46 ans.
Un tableau encadré donne la liste de tous les donateurs qui ont participé à la souscription publique. Près de 40.000 Francs furent ainsi collectés. Les dons allaient de 1 Franc à 9000 francs. Les plus gros donateurs furent des membres de la famille de Loubens de Verdalle, et plus encore, l’abbé Brugère lui même qui contribua pour la somme, très importante à l’époque, de 9000 Francs. L’ensemble des souscriptions compta pour la moitié du financement de léglise. Le financement privé s’éleva à 60% et le financement publique (Etat + Commune) à 40%.
Pénétrons maintenant à l’intérieur de l’église proprement dite. Ses dimensions sont importantes pour une petite commune comme la nôtre. Intérieur: Longueur=25m, largeur=15m, hauteur=12m. Extérieur: L=32m (avec le clocher), l=18m, h=15m (mais le clocher s’élève à 40m). La tribune située au dessus de la porte accueillit, jusqu’au début des années 1940, l’harmonium.
Huit piliers cylindriques, à la fois massifs et élégants, taillés dans le même granite que les parements extérieurs, soutiennent les voûtes du plafond et la charpente. Le fûts sont monolithes, c’est à dire que chacun a été façonné dans un seul bloc de granite. Ils ont été taillés sur place, dans la carrière de Fayolle, et transportés par char à boeufs jusqu’au bourg. Chaque fût mesure 2m10 de hauteur, 70cm de diamètre et pèse 2.800 kg. Par contre les chapiteaux, les arcs des voûtes et les parements intérieurs sont en calcaire,ce qui donne son caractère lumineux à l’intérieur de l’église.
Prenons de la hauteur avec la photo de gauche prise depuis la tribune, puis les voûtes, vues du dessous, avec leurs “croisées d’ogives” qui forment le plafond, et enfin le faux-grenier, qui du dessus fait bien apparaître la forme des voûtes de la nef, et la charpente en chêne.
A gauche en entrant, outre le bénitier ( un autre lui est symétrique à droite) se trouvent naturellement les Fonts baptismaux, surmontés d’une statue de Saint-Jean Baptiste, celui qui aurait baptisé le Christ lui-même dans les eaux du Jourdain.
Dans l’angle nord-ouest de l’église se trouvent le vieux confessionnal de l’ancienne église, à côté de lui, le mécanime d’origine de l’horloge, qui animait les aiguilles des quatre cadrans du clocher avant que le mécanisme ne fut, comme pour les cloches, électrifié. Au dessus trône une statue de Jeanne d’Arc. Rappelons que Jeanne ne devint sainte qu’au début du 20ème siècle, cinq siècles après son épopée, revêtant alors, fait unique dans le panthéon national et républicain français, la double fonction d’héroïne nationale et de sainte religieuse. Sur la photo de droite, deux statues représentant l’apparition de la Vierge à Bernadette Soubiroux à Lourdes, probablement placées là à l’occasion du centenaire de l’apparition en 1958. Auparavant c’est ici que se trouvail le confessionnal.
La photo de gauche permet de comprendre la situation de l’harmonium. Il est depuis 1942 au niveau du sol, au centre de l’église, après qu’il ait été confié successivement à Mme Lanore en 1942, puis à Nicole Dupuy (Nore), encore enfant, en 1952, jusqu’en 1960. Auparavant il dominait la nef depuis la tribune, entre les mains des “Demoiselles du Tirondet”, Marie-Antoinette, Mathilde et Clotilde, de l’inauguration de l’église en 1898 aux hivers 1941-1942 où elles moururent toutes les trois. Depuis 1960, il était en sommeil, mais peut-être va-t-il occasionnellement revivre par la gràce d’un jeune Chambonnais. (Il a déja fait profité les visiteurs du samedi 5 août des premiers réveils de l’instrument, lors de leur accueil, et avant leur départ !)
Vitrail représentant Saint-Martin, évêque de Tours au 4ème siècle, un des deux saints-patrons de la paroisse de Sannat, qui a donné son nom à l’église.
Chapelle Saint-Joseph. L’église n’ayant pas de transept, probablement par manque d’espace lors de sa construction (on voulait pouvoir disposer, enfin, d’une vraie Place publique dans le Bourg d’en bas), les chapelles latérales se situent au fond des deux bas-côtés. On reconnait les statues de la Vierge, du Christ et de Joseph tenant l’enfant. Le tableau situé à gauche de l’autel, mieux visible sur la photo du centre date du 17ème siècle. Il représente Saint-Pierre avec la clé et Saint-Jean avec le glaive. Photo de droite: ce tableau situé dans la chapelle au-dessus de la tête du Christ, représentant la Sainte-Famille pendant la jeunesse du Christ, a été peint et offert par une jeune femme, fille d’un instituteur, qui était Sannatoise à ce moment-là : Eugénie Marsallon.
Après avoir déambulé dans le bas-côté gauche, nous voici face au choeur. Les trois éléments principaux en sont le maître-autel, les vitraux et les stalles. Les vitraux représentent classiquement les trois grandes étapes de la vie du Christ, la naissance (Nativité), l’apothéose (le Christ en majesté), la mort (la Crucifixion). Les vitraux de l’église ont été réalisés par la société Saint-Blancat de Toulouse.
Au-dessus de l’autel on retrouve les deux représentations des deux Saints-patrons de la paroisse, à gauche, Saint-Martin, que l’on fêtait par une procession qui conduisait les fidèles jusqu’à la fontaine du même nom (sortie du Bourg, route de Reterre), et à droite, Saint-Blaise, à qui on allait rendre hommage le 3 février à la sortie du Bourg également, mais route de Mainsat cette fois, devant la croix un peu ébréchée. L’autel a été sculpté par un sculpteur limougeaud Charles Gabriel, d’après les dessins de l’architecte Dominique Vergez, également limougeaud, qui dessina les plans et conduisit les travaux de l’église. Celle-ci fut construite par un entrepreneur montluçonnais, Gérome Moreau, avec le concours de maçons et de tailleurs de pierre sannatois.
De chaque côté du choeur, des stalles pouvaient accueillir des clercs. En avant du choeur, de chaque côté, des chaires (ou ambons) permettaient au prêtre de précher ou de lire des textes évangéliques.
Symétrique de la chapelle Saint-Joseph, la chapelle de la Vierge, se situe à droite du choeur, au bout du bas-côté droit. Au dessus de l’autel, un gand tableau, représentant l’Annonciation (de l’ange Gabriel à Marie à qui il annonce sa future maternité), avait été offert à l’ancienne église, probablement à l’occasion de son agrandissement, par l’Empereur Napoléon III. Contre le mur sud, en symétrique cette fois de l’apparition de Lourdes, une évocation d’une autre apparition de la Vierge, légèrement antérieure, de 12 ans. C’est dans le département de l’Isère cette fois que la Vierge serait apparue à deux jeunes enfants, en un lieu qui abrite depuis le sanctuaire de Notre-Dame de la Salette.
Trois vitraux du mur sud (celui qui donne sur la Place),représentant dans l’ordre, Saint-Jean (l’évangéliste cette fois), Saint-Joseph, et tout simplement un décor floral pour le troisième.
A gauche, toujours sur le mur sud, une plaque rend hommage aux morts de 14-18. La liste des disparus est légèrement plus longue que celle du monument aux morts. Elle compte 53 noms contre 48 pour le monument. Les personnes en plus sont essentiellement des habitants de St-Priest, notamment de Lavaud et du Tromp, qui fréquentaient l’église de Sannat, comme l’école d’ailleurs, parce que leurs villages sont beaucoup plus proches du bourg de Sannat que de celui de St-Priest. Par contre 3 noms qui sont gravés sur le monument sont absents de la plaque de l’église. Pour deux d’entre eux, cela peut se justifier, mais pour le troisième, Jacques Gayon, qui habitait au Puylatat et qui est mort en 17 au Chemin des Dames, c’est plus surprenant…à moins que la famille ne l’ait pas souhaité. Dans les noms supplémentaires est inscrit un Sannatois par alliance, et pas n’importe lequel, puisqu’il figure en N°1 sur la liste, le Comte Gaston de Ponchalon, gendre du Comte Roger de Loubens de Verdalle qui contribua puissament au financement de la construction de la nouvelle église. Son grade le plus élevé (capitaine) peut également justifier l’honneur qui lui est fait. Voir la fiche d’hommage aux morts de 14-15 qui lui est consacrée page 26. Ainsi que le texte expliquant la présence de cette bannière trouvée dans le grenier de la sacristie.
Dans la nef, de part et d’autre d’une allée centrale, se trouvent les bancs et les chaises. Sur la plupart de ces chaises est gravé un nom. C’est celui de la personne qui avait acheté cette chaise, et qui habituellement l’occupait. En contrepartie de ce privilège, elle devait payer une redevance annuelle. C’était, au 19ème siècle, ainsi qu’en témoignent les comptes, la principale source de revenus de la “fabrique”, l’association paroissiale qui assurait la gestion matérielle du culte.
Les deux familles nobles de la commune bénéficiaient d’un avantage supplémentaire, celui d’occuper le premier rang, chacune de son côté, et de posséder des sièges et des prie-Dieu confortables, à l’image de ce dernier exemplaire restant dans l’église. Chaque famille arborait une couleur distinctive, le rouge pour les de Pouthe de la Roche-Aymon, le bleu pour les de Loubens de Verdalle.